La Loire, autrefois source de développement économique, est aujourd’hui menacée par les activités humaines

La Loire fait partie du paysage naturel de l’agglomération tourangelle et nous devons vivre avec celle-ci. Par conséquent, les activités que nous pratiquons peuvent avoir un impact positif ou négatif sur le fleuve.  De nombreuses entreprises se sont implantées dans l’agglomération tourangelle et participent au développement de son économie. Cependant certaines activités sont dangereuses pour la santé et l’environnement et notamment les activités liées à la manipulation, au stockage et au transport de matières dangereuses. Ces activités représentent les risques technologiques dont la prévention s’effectue à l’échelle locale, régionale et nationale. Les risques technologiques regroupent de nombreux risques mais nous allons étudier les risques liés au transport de matières dangereuses, aux accidents industriels et le risque nucléaire. En effet, l’agglomération tourangelle est un territoire qui peut être victime d’un accident industriel dû à la présence des sites Seveso sur le territoire, ainsi que d’un accident nucléaire dû à la centrale de Chinon située à proximité du territoire. 

Afin de réduire les dommages lors des catastrophes technologiques, il est nécessaire de maîtriser l’aménagement du territoire et la consommation des espaces naturels en limitant les enjeux dans les zones à risques et en diminuant la vulnérabilité des zones déjà urbanisées.

Le transport de matière dangereuse

En région Centre-Val de Loire, le transport de marchandises dangereuses (TMD) s’effectue par voie routière et ferrée. L’agglomération tourangelle est particulièrement touchée par le transport de déchets nucléaires issus des centrales nucléaires d’EDF et notamment celle de Chinon. En ce qui concerne le transport routier, “deux types de convois nucléaires passent à proximité de Tours. En provenance de la Hague, des convois à haut risque transportent du plutonium issu du retraitement à destination de Marcoule. En provenance de Marcoule, des camions transportent des rebuts de Mox (mélange de plutonium et d’uranium) à destination de la Hague.”(1). L’agglomération tourangelle possède également une gare de fret à Saint-Pierre-des-Corps concernée par le transport de déchets radioactifs. En effet, il s’agit d’un point de transit pour les combustibles usés sortis des réacteurs des centrales nucléaires à destination de l’usine de retraitement de la Hague (Orano).(1) Le TMD est soumis à des réglementations européennes et internationales. Les transports de déchets radioactifs sont encadrés par l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique afin de protéger le public et l’environnement des risques que représente ce type de transport. A l’échelle locale se sont “les maires qui exercent la police de la circulation sur les routes nationales, les routes départementales et les voies de communication à l’intérieur des agglomérations. Ils peuvent également prendre des arrêtés interdisant le passage de poids-lourds transportant des matières dangereuses sur sa commune.”(2) En cas d’accident de transport de marchandises dangereuses, la cellule mobile d’intervention chimique (CMIC) doit informer les services de secours des dangers des substances ainsi que déterminer les actions de protection et de sauvegarde de l’environnement. Le conseiller à la sécurité de l’entreprise ayant effectué l’emballage, le chargement et le transport doit réaliser et transmettre une déclaration. La déclaration doit contenir un rapport d’analyse des causes de l’accident et les recommandations afin d’éviter de nouveau ce type d’accident. Les transports de substances dangereuses peuvent avoir lieu partout en France et en cas d’accident avoir de lourdes répercussions sur les hommes et l’environnement.(3)

L’Agence de Sûreté Nucléaire assure donc de nombreux contrôles de sûreté des transports de substances radioactives afin de réduire les risques d’accident. En cas de déversement involontaire de substances dangereuses, la faune et la flore de la Loire serait alors détruite et les sources d’eau potable pour la population seraient contaminées.

Le risque industriel

Un risque industriel est un événement accidentel qui se produit sur un site industriel et dont les conséquences peuvent être lourdes pour les individus et l’environnement. Ce risque est lié à l’utilisation, au stockage ou à la fabrication de substances dangereuses. “L’exploitant des installations dangereuses doit concevoir les installations, les construire et les exploiter en réduisant autant que possible les risques d’accidents, sous le contrôle de l’inspection des installations classées (État).”(3) Afin de réduire et maîtriser le risque toutes les installations classées doivent réaliser une étude danger. Cette étude de danger permet pour chaque risque d’accident de trouver des solutions d’amélioration pour la sécurité.  L’étude de dangers précise les risques auxquels les installations peuvent exposer la population et l’environnement en cas d’accident interne ou externe à l’entreprise.(3) Le Site Primagaz situé à Saint Pierre des Corps au cœur de l’agglomération tourangelle est soumis à cette réglementation et doit donc réaliser l’ensemble des documents demandés.

Un accident nucléaire

Un accident nucléaire est un événement qui peut conduire au rejet dans l’environnement de matières radioactives. Ce rejet est susceptible de porter atteinte à la population, à l’environnement et plus généralement aux enjeux du territoire. En cas d’accident nucléaire, la population située à proximité du site doit être évacuée. Le responsable de l’installation s’occupe de sécuriser son installation et de limiter les rejets radioactifs dans l’environnement. A l’extérieur de l’installation, c’est le préfet qui est chargé de la protection des personnes et de l’environnement.(4)

Les acteurs

La gestion des risques majeurs, et donc des risques technologiques, est partagée entre une multitude d’acteurs : l’Etat, les collectivités locales et les acteurs institutionnels. Cette gestion des risques ne peut fonctionner que grâce à la synergie des différents acteurs.(3

La frise chronologique

Depuis 1960, de nombreuses lois se sont succédées afin de renforcer la politique de prévention des risques technologiques sur le territoire national. En général, l’apparition de nouvelles lois est corrélée à des catastrophes technologiques majeures qui ont conduit les autorités compétentes à revoir leur méthode de prévention des risques. L’événement majeur qui a marqué un tournant dans la gestion des risques industriels est la catastrophe de Seveso au nord de l’Italie qui s’est produit en juillet 1976.(3)

Evolution de la politique de prévention des risques technologiques depuis 1960

Les principaux documents d’urbanisme

La loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 prévoit l’élaboration de plans de prévention des risques technologiques pour toutes les installations classées AS. L’objectif du PPRT est de réduire la vulnérabilité des personnes situés à proximité du site industriel et de maîtriser le développement de l’urbanisation future. Chaque installation classée Seveso doit réaliser un PPRT sous l’autorité du préfet et du service de l’inspection des installations classées de la DREAL. Une fois approuvé, le PPRT délimite un périmètre d’exposition aux risques dans lequel un zonage réglementaire est établi. “Ce zonage délimite des zones d’interdiction, à l’intérieur desquelles les constructions futures peuvent être interdites, et des zones de prescriptions, à l’intérieur desquelles peuvent être imposées des prescriptions techniques de protection applicables sur les constructions existantes ou futures et des prescriptions d’usage.”(5)

Le PPRT approuvé vaut servitude d’utilité publique. Il est porté à la connaissance des maires des communes situées dans le périmètre du plan. Lorsqu’il porte sur des territoires couverts par un plan local d’urbanisme, il doit lui être annexé. Les élus sont garants d’une mise en œuvre des PPRT intégrée aux projets d’aménagement locaux afin d’assurer une prévention raisonnée et durable des risques industriels. (5)

Le renforcement du plan de prévention des risques technologiques a conduit le site Seveso Primagaz a révisé son plan de prévention. Même si des mesures ont déjà été prises par l’exploitant pour réduire le danger à la source, de nombreuses habitations situées dans un rayon de 600 mètres autour du site vont se voir imposées des mesures drastiques contre le risque d’incendies et d’explosions. Au total, 109 logements vont être impactés par le nouveau plan de prévention des risques et cela a suscité de nombreuses réactions des habitants. En effet, dans l’attente des décisions précédentes, les habitants ont formé un collectif afin de porter leur mécontentement. Si le nouveau plan entre en vigueur de nombreux riverains se verront expropriés et n’auront pas d’autres choix que de déménager (6). Cet exemple révèle la complexité des politiques de préventions des risques qui opposent de nombreux acteurs et nécessite une action consultative auprès de l’ensemble des acteurs.

Les impacts sur la Loire

Les activités humaines peuvent être source de pollution de l’environnement et en particulier de la Loire. Cette pollution peut avoir de nombreuses conséquences notamment sur la destruction de la faune et de la flore mais également sur la santé humaine puisqu’elle peut impacter les sources d’eau potable de la population. Elle peut entre autres être provoquée par les rejets dans le sol et dans l’eau de déchets industriels “On parle de pollution lorsqu’il y a destruction d’un environnement naturel par des déchets industriels ou des produits chimiques.” Parmi toutes les formes de pollutions connues, la pollution liée aux activités industrielles est de loin la plus dangereuse, c’est pourquoi il est primordial de prévenir ce danger.  Les installations classées sont depuis l’arrêté ministériel du 2 février 1998 responsable de la surveillance de leurs rejets.

Au cours de la révolution industrielle, de nombreuses usines et entreprises s’implantent sur les bords des fleuves afin de pouvoir bénéficier des avantages de ces derniers. Dans les années 1970, la pression croissante des normes environnementales impactent particulièrement les industries polluantes et dangereuses. L’élaboration et la mise en place des PPRT oblige les industries à prendre les mesures adéquates pour protéger la population et l’environnement des risques qu’elle peut engendrer. On est en proie à se demander si le PPRT a une influence négative sur les activités économiques du territoire ou si au contraire il peut impulser une dynamique locale . Le PPRT met à la disposition des acteurs de la prévention de nombreuses mesures pour réduire les risques cependant celles-ci peuvent être vu comme des contraintes. Les exploitants des entreprises ne bénéficient d’aucune aide financière pour réaliser les travaux de mise en sécurité. Les exploitants des installations classées mettent donc en avant les coûts importants engendrés par le PPRT, notamment concernant les mesures foncières et  les prescriptions de travaux sur les habitations voisines, ainsi que les répercussions de ces investissements sur la rentabilité de leurs installations. Les collectivités locales et les acteurs économiques locaux déplorent également les conséquences sur les activités riveraines (également soumises aux mesures foncières et prescriptions de travaux) et leurs traductions possibles en termes de pertes fiscales et de destruction d’emplois.  Le site Seveso seuil haut Primagaz situé à Saint-Pierre des Corps au cœur de l’agglomération va déménager à Druye, dans une zone entourée de champs. En effet, sa position actuelle et la révision du PPRT a entraîné un grand débat et de nombreuses contraintes pour les riverains situés à proximité qui devaient donc déménager. La ville a donc décidé d’aider financièrement le propriétaire du site à déménager au lieu d’indemniser une centaine de riverains et des entreprises puisque cela était moins coûteux (7). “ Certes, le PPRT représente des contraintes fortes sur le plan financier (coûts des mesures de prévention), productif (déplacement d’entreprises voisines) et urbanistique (interdictions diverses). Mais, dans le même temps, il offre de multiples opportunités en termes de relocalisation des équipements publics situés à proximité immédiate des usines, d’amélioration de l’habitat, de redéploiement d’activités et d’intervention sur les formes urbaines (8). ”


Bibliographie

  1. Y a-t-il des déchets nucléaires près de chez vous ? [Internet]. GreenPeace. 2019. Disponible sur: https://www.greenpeace.fr/dechets-nucleaires-pres-de-chez-vous/?codespec=7010N000000ayTF&utm_campaign=Nuke-Dechets&utm_source=google&utm_medium=cpc&gclid=EAIaIQobChMIkMH8n5PS4gIVB53VCh2Ynw0nEAAYASAAEgK22vD_BwE

  2.  Ministère de la Transition Écologique. Prévention des risques majeurs [Internet]. ecologie.gouv.fr. 2018 [cité 18 nov 2020]. Disponible sur: https://www.ecologie.gouv.fr/prevention-des-risques-majeurs

  3. Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Écologie. La démarche française : Prévention des risques majeurs. 2013.

  4. IRNS. L’IRSN, un acteur majeur de la gestion d’une crise nucléaire [Internet]. IRSN. Disponible sur: https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/La_surete_Nucleaire/risque-nucleaire/IRSN-acteur-crise/Pages/sommaire.aspx#.YBEsz0-g82x

  5. INERIS. Le plan de prévention des risques technologiques Guide à destination des élus locaux. 2006

  6. Denis D. Primagaz : ils devront déménager. 2 juin 2017; Disponible sur: https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/commune/saint-pierre-des-corps/primagaz-ils-devront-demenager-2 

  7. Frachet S. Primagaz se redéploie aux portes de Tours. 14 sept 2016; Disponible sur: https://www.usinenouvelle.com/article/primagaz-se-redeploie-aux-portes-de-tours.N436982

  8. Martinais E. La prévention des risques industriels, frein ou moteur du développement économique ? 13 nov 2018;9. Disponible sur : https://journals.openedition.org/%20developpementdurable/12575

Références connexes