La Loire, un milieu exploitable

Les traces de l’exploitation humaine dans la vallée de la Loire remontent au Ier siècle av. J-C pour la région de Tours avec la fondation de la cité Caesarodunum selon le modèle romain (1). Les recherches indiquent qu’à travers les âges, la rivière et son lit ont connu de nombreuses formes d’usages, notamment pour des types plus ou moins développés d’industries (2). La Loire a toujours été pour l’Homme un milieu exploitable, que ce soit au niveau de son lit majeur, sur lequel l’agriculture y est propice, ou au niveau de son lit mineur, où les alluvions roulés et polis par la rivière peuvent servir de matériaux de construction. Plus que sa simple dimension ludique, la pêche en Loire pourvoit également une source de nourriture importante, avec une trentaine de pêcheurs professionnels qui se la divisent.  Pour finir, l’eau est utilisée entre autres pour l’irrigation des cultures et les usages domestiques.  

Les prélèvements dans la Loire sont relatifs à tout élément présent naturellement dans le fleuve et extrait de façon permanente ou temporaire de celle-ci : permanente, comme le fruit de la pêche ou le sable utilisé dans les constructions, temporaire, comme l’eau prélevée par certaines entreprises. Par ailleurs, le prélèvement d’eau peut servir au refroidissement des réacteurs nucléaires avant d’être rendue au milieu avec une température différente pouvant impacter l’écosystème récepteur (3)

Ces prélèvements dans la Loire n’ont pas cessé au profit d’acteurs publics comme privés, mais les politiques publiques pour leur encadrement ont évolué suivant les constats qui ont pu être faits, à l’échelle locale ou européenne :  l’enfoncement des chenaux dû à l’extraction du sable, l’érosion de la biodiversité aquatique, la raréfaction de la ressource en eau associée à une augmentation de la demande etc. Trois prélèvements majoritaires de la Loire sont ici présentés sur des pages respectives : prélèvement de sable et de granulats, prélèvement de l’eau et pêche.

De nombreux acteurs, des intérêts différents

Les acteurs intervenant dans les trois prélèvements présentés sont nombreux. Ils sont regroupés en deux principales catégories : les acteurs institutionnels, responsables de la mise en œuvre des politiques publiques et du contrôle du bon respect des réglementations selon leur compétence, et les différents usagers, professionnels ou particuliers, qui réalisent des ponctions ou s’y opposent.

Du fait du découpage administratif en France, le rôle de l’acteur institutionnel administratif se limite à une échelle d’application (nationale, régionale, départementale, intercommunale ou communale) et définit alors ses possibilités d’actions. Ce n’est pas le cas des autres acteurs privés (habitants, entreprises) et publics, qui ont une échelle d’action plus large et transversale.  Dans le cadre des prélèvements, ces acteurs dépendent de l’intérêt suscité par la ressource à prélever, de sa valeur économique et écologique.

Conclusion

Que cela soit dans un but économique, d’intérêt public ou de loisir, les ponctions depuis le fleuve ligérien sont nombreuses. Néanmoins, la question de la réglementation, de la quantification et de la qualité de ces prélèvements se pose toujours. D’un point de vue global, l’évolution de l’activité de prélèvement semble souligner la transition d’une perception de l’eau comme une simple ressource à une prise de conscience de sa dimension écosystémique par les populations. La convergence à la fois des politiques publiques, des progrès scientifiques mais également des revendications sociales, apporte un regard sur l’environnement et tire la sonnette d’alarme quant aux excès et aux risques de surexploitation (4). Cependant, l’optique de concilier développement économique, préservation de l’environnement et sécurité des usagers se révèle plus complexe qu’il n’y paraît avec l’émergence de conflits d’intérêts. Ceux-ci peuvent apparaître entre des exploitants industriels et des défenseurs de la biodiversité par exemple.

Articles connexes

Bibliographie

1.     Deyres M. Fouilles archéologiques sur le site du château de Tours. Bulletin Monumental. 1980;138(2):231‑2.

2.     Despriée J, Voinchet P, Tissoux H, Bahain J-J, Falguères C, Courcimault G, et al. Lower and Middle Pleistocene human settlements recorded in fluvial deposits of the middle Loire River Basin, Centre Region, France. Quaternary Science Reviews. 1 juin 2011;30(11):1474‑85.

3.     Cooling Power Plants | Power Plant Water Use for Cooling – World Nuclear Association [Internet]. [cité 2 févr 2021]. Disponible sur: https://www.world-nuclear.org/information-library/current-and-future-generation/cooling-power-plants.aspx

4.     Rode S. De l’aménagement au ménagement des cours d’eau : le bassin de la Loire, miroir de l’évolution des rapports entre aménagement fluvial et environnement. Cybergeo : European Journal of Geography [Internet]. 22 sept 2010 [cité 2 févr 2021]; Disponible sur: http://journals.openedition.org/cybergeo/23253