Les usages de la Loire

La Loire est connue pour être un fleuve dit « sauvage », néanmoins ce n’est pas tout à fait exact. En effet, la Loire dès l’Antiquité était civilisée et aménagée pour répondre aux besoins des usages de l’homme. L’homme a su profiter de la Loire, les usages de la Loire sont, aujourd’hui encore, très variés : usages économiques comme l’agriculture ou le domaine industriel ; usages liés à la navigation qui est aujourd’hui devenue touristique ou encore des usages liés aux loisirs comme la baignade ou la pêche. La conciliation de tous ces acteurs est parfois difficile, ainsi des améliorations de ces usages peuvent être envisagées.

Loire pont Wilson
Loire et Pont Wilson – Tours

Orientation n°1 . Développer une agriculture raisonnée et plus respectueuse de la ressource en eau

Diagnostic : identité et menaces

La Loire est victime de sécheresses qui tendent à être de plus en plus sévères dues au réchauffement climatique. L’été son cours d’eau peut être extrêmement réduit (il peut passer de 7200m3/s en hiver à 11m3/s en été). L’utilisation de l’eau est réglementée en cas de sécheresse, mais la diversité de ses usages et les sécheresses de plus en plus fortes posent question et nécessitent une réflexion autour de la préservation de la ressource en eau. L’agriculture qui représente 16% de la consommation de l’eau en région Centre-Val de Loire (1), est un des domaines consommateurs d’eau qui a son rôle à jouer pour permettre une meilleure gestion de cette ressource qui tend à être de plus en plus rare. Il faut néanmoins souligner que ces 16% ne représentent pas seulement l’eau puisée en surface mais principalement de l’eau souterraine. Néanmoins, une préservation de la ressource passant par l’agriculture n’est pas dérisoire. 

Des subventions existent au niveau européen, délivrées par la PAC (politique agricole commune) notamment (2). Le FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) qui soutient l’installation des jeunes agriculteurs, et la mise en œuvre de mesures agro-environnementales et climatiques, un soutien à l’agriculture biologique, à la protection de la biodiversité, etc… Ces subventions sont fonction de la taille des exploitations, de ce fait les plus petites exploitations se voient verser moins d’aides.

Champ – Indre-et-Loire

Propositions d’actions

  1. Préserver la ressource en eau en passant par une agriculture raisonnée

La préservation de la ressource en eau passe par une agriculture raisonnée. Certaines cultures sont plus consommatrices d’eau, ainsi il serait intéressant de favoriser des cultures moins gourmandes en eau. 

De plus, des bacs de réserve d’eau peuvent être prévus afin de créer des réserves pour l’été. Ainsi on profiterait des pluies et crues d’hiver pour stocker l’eau.  

Des solutions seraient à approfondir comme la mise en place d’un partenariat entre les exploitants agricoles et les gestionnaires des stations d’épuration afin de récolter les eaux usées ménagères riches en azote pour les cultures comme c’est déjà le cas à Clermont-Ferrand depuis 1998 (3). 

Il peut être aussi intéressant de favoriser les nouvelles techniques d’arrosage comme le paillage pour les petites cultures maraîchères. Des sondes existent également pour mesurer le besoin d’irrigation des cultures et permettent d’éviter tout sur-arrosage (besoin de la plante en fonction de son stade de pousse). Néanmoins ces sondes sont parfois coûteuses, de ce fait une aide de l’Etat ou de la collectivité pourrait être envisagée. Les communes pourraient envisager l’acquisition de matériel agricole et le mettre à disposition des producteurs biologiques.

Champ
Champ – Indre-et-Loire
  1. Développer une meilleure information auprès des agriculteurs pour favoriser la connaissance d’une culture raisonnée

Une formation pourrait être subventionnée par la commune pour les agriculteurs volontaires souhaitant se former sur la préservation de l’environnement. En effet, des formations sont mises à leur disposition notamment par le biais de la chambre d’agriculture mais aujourd’hui aucune aide n’est versée pour l’engagement des agriculteurs à s’informer sur la globalité de l’action environnementale. Ainsi on inciterait les agriculteurs à s’informer et à prendre conscience qu’une agriculture plus vertueuse peut être également bénéfique pour eux. 

Enfin il conviendrait d’élaborer une meilleure information auprès des agriculteurs sur les possibilités qui s’offrent à eux concernant ces nouvelles techniques et les labels existants qui travaillent la terre en la respectant. Cela permettrait de favoriser les regroupements d’agriculteurs notamment au sein de labels, afin de faciliter le partage de connaissances.

➜ Exploitants agricoles, Chambres d’agriculture, Intercommunalités, EPCI ou syndicats intercommunaux gestionnaires des stations d’épuration du site UNESCO, communes du site UNESCO, Etat, Union Européenne via les politiques d’aides agricoles (FEADER)

Orientation n°2 . Restaurer les ports de Loire et préserver l’histoire de la navigation

Diagnostic : identité et menaces

L’histoire de la navigation ligérienne et de la protection des habitants contre les crues a légué un patrimoine architectural considérable. De nombreuses villes sont des ports. Ces ouvrages témoignent de l’importance du trafic commercial de la Loire qui constituait un axe économique primordial pour l’ensemble du territoire et conservent la mémoire de cette activité aujourd’hui disparue.
Les principaux risques d’atteinte à ces éléments patrimoniaux aujourd’hui sont le manque d’entretien et l’abandon. En outre l’entretien de ces ouvrages peut parfois être effectué avec des matériaux inadaptés. Des travaux d’aménagement sans rapport avec le fleuve (parking) peuvent également dégrader ces ouvrages patrimoniaux.

Toutes les collectivités (riveraines de la Loire) du site UNESCO ont signé la charte de navigation de la Loire. L’objectif est de faire vivre l’héritage fluvial et paysager ligérien en encourageant notamment la construction de répliques de bateaux traditionnels de Loire. En parallèle, de nombreuses collectivités ont adapté leurs ports comme Angers, Chinon, Saumur, Tours, Amboise, Orléans… (3).

Propositions d’actions

  1. Poursuivre la rénovation des ports

Ainsi de nombreux ports ont déjà été rénovés. Aujourd’hui l’idée est de pouvoir allier la navigation avec le tourisme afin de faire perdurer l’histoire de cet usage traditionnel. Et inciter toutes les collectivités du site UNESCO proches de la Loire à adapter leurs ports dans une optique d’harmonisation, afin de les protéger et de les mettre en valeur. Cette adaptation pourrait se faire avec un accompagnement technique tel que le proposait par exemple le CORELA (Conservatoire Régional des Rives de la Loire) à partir des années 1990 pour les collectivités de la Région des Pays de la Loire (4). Il s’agissait d’une  présentation des techniques de restauration, d’une aide à l’élaboration du dossier de financement, d’un suivi des études et des travaux.

Panneau Port du Pont de Fil – Tours
Port du Pont de Fil – Tours
  1. Renforcer l’information relative à la navigation et au fleuve

Il convient de poursuivre une orientation d’information des personnes sur la Loire et l’histoire de la navigation sur ce fleuve​. Afin de parvenir à cet objectif, il serait intéressant de favoriser des panneaux explicatifs sur les bords de Loire relatifs à la navigation.​ La mise en place de QR codes pourrait permettre d’accéder aux sites présentant des informations relatives à la navigation, notamment le site des Voies navigables de France, qui présente les voies classées navigables sur la Loire. Dans les zones déclassées les usagers naviguent à leurs risques.

De plus, ces panneaux pourraient permettre de mettre en garde sur la protection de la biodiversité présente en Loire. En effet, le passage des bateaux et plus particulièrement le passage des touristes sur certains îlots de la Loire crée un danger pour la faune et la flore présentes. Dans cette même optique, il convient de ne pas délaisser l’obligation d’information des particuliers sur la protection de cette biodiversité lors d’activités de navigation de loisir sur la Loire.

➜ Communes du site UNESCO, navigateurs et associations de batellerie

Orientation n°3 . La mise en valeur de la baignade en bord de Loire

Diagnostic : identité et menaces

La baignade dans les eaux ligériennes sur le secteur protégé par la Mission Val de Loire est une oubliée de l’ancien plan de gestion, mais elle appartient pourtant aux nombreux usages de la Loire. Il est possible de constater un manque flagrant de lieux de baignade en bord Loire. Il existe des “plages” mais ce ne sont pas des zones de baignade sécurisées. En effet, ces “plages” renvoient directement à la nature “sauvage” de la Loire qui est un fleuve imprévisible, il est parfois difficile d’une année sur l’autre de savoir si ces “plages” restent sécurisées. La baignade en Val de Loire est interdite par les maires riverains et fortement déconseillée par l’ARS (Agence Régionale de Santé)  à cause d’un débit irrégulier, du manque de stabilité du fond mais aussi pour des raisons sanitaires. Cependant chaque année des personnes se retrouvent en danger dans la Loire, sans y laisser la vie, des problèmes épidermiques ou encore de simples blessures sont recensés. Pour autant, les habitants proches de la Loire, entre autres, continuent de vouloir s’y baigner.

Panneau d’interdiction de baignade en bord de Loire – Tours

Propositions d’actions

La création de lieux de baignade sécurisée à l’extérieur de la Loire semble être une solution répondant aux besoins des riverains, notamment avec le contexte actuel (crise sanitaire, couvre-feu, vacances ne pouvant être anticipées). La baignade recommandée par l’ARS Centre-Val de Loire doit se faire sans prendre de risque, c’est-à-dire en choisissant une baignade aménagée, contrôlée avec une qualité de l’eau suivie régulièrement (5). Sur les bords de Loire, il est possible de constater qu’aucune desdites “plages” ne possède une zone de baignade sécurisée.

Ainsi pour permettre aux riverains et aux touristes de se baigner en toute sécurité, il peut paraître intéressant de réaliser des bases nautiques incluant des lieux de baignades pour répondre à un réel besoin estival. Des zones de baignades sécurisées dans des lacs ou étangs à proximité peuvent être envisagées.

Il existe des bassins proches de la Loire où il est possible de se baigner, c’est le cas de la commune d’Amboise, qui dispose d’un étang de baignade. La commune de Vouvray dispose également d’un étang, vers Mont-Louis, mais celui-ci sert surtout pour la pêche. Il serait intéressant de voir si d’autres bassins proches de la Loire existant pourraient être affectés à la baignade. Pour cela il est nécessaire de faire la demande aux acteurs locaux notamment les mairies pour voir s’il est possible de créer des zones pouvant accueillir la baignade. Cependant, cela représente un coût en termes de création de l’espace pour le rendre sûr, pour la surveillance ainsi que les relevés sur la qualité de l’eau. Les normes imposées peuvent rendre cette réalisation compliquée. Cela peut être mis en place par les communes avec le soutien d’un ou plusieurs des différents regroupements auxquels appartient la commune :  l’intercommunalité, des départements ou de la région pourraient aider les communes concernées à mettre en place ces zones de baignades sécurisées proche de la Loire. Par exemple, la mission Val de Loire étant portée par les régions Centre-Val de Loire et Pays de la Loire, un budget pourrait être envisagé par les régions  afin de mutualiser les coûts mais également afin que les communes réalisent ces bassins au plus tôt. Il pourrait également être fait appel aux Agences de l’eau pour superviser l’aspect environnemental des différents projets car avec la mise en place de ces zones le but reste de ne pas mettre à mal l’environnement de ces nouvelles zones d’activités. 

Il pourrait également être intéressant d’ajouter aux panneaux proches des rives déjà existants une information sur l’impact de la baignade pour l’homme ou bien pour l’animal qui l’accompagne, sur les raisons de l’interdiction de celle-ci, mais aussi sur l’état de la Loire à l’instant le plus proche de celui où la personne lira le panneau. Pour cela, il est envisageable de réaliser plus de panneaux explicatifs. Mais, dans un souci de meilleure information mais aussi d’actualisation plus simple des informations, il est possible de créer un QR code directement sur un stickers à coller aux panneaux déjà existants à proximité des lieux propices à la baignade. Ce code une fois scanné renverrait sur une page internet actualisée des derniers relevés d’eau ligérien (ici site de l’ARS; pour le lieu de baignade le plus proche: site de la mairie etc. Voir annexe). Cela permettrait aux habitants des villes proches des rives ou aux touristes de connaître et d’avoir un relevé récent de l’état de la Loire mais c’est également l’occasion de promouvoir un éveil écologique pour les plus jeunes puisqu’ils seront informés des dangers de la baignade.

QR code avec des exemples d’informations recensées sur le site internet

➜ Maires, Régions ou autres collectivités, Agence de l’eau

Bibliographie

  1. IFEN, Données de 2007 : http://www.vedura.fr/developpement-durable/institutions/france/institut-francais-environnement-ifen
  2. PAC : https://ec.europa.eu/info/food-farming-fisheries/key-policies/common-agricultural-policy/cap-glance_fr
  3. Article partenariat station d’épuration/agriculteurs : https://www.actu-environnement.com/ae/news/recycler-eaux-usees-usage-agricole-36024.php4
  4. Plan de gestion de la Mission Val de Loire : https://www.valdeloire.org/Gerer/Gestion/Plan-de-gestion-des-orientations-communes-pour-agir
  5. CORELA : http://corela.org/actions/calesetquaisdeLoire.html
  6. ARS Centre-Val de Loire : https://www.centre-val-de-loire.ars.sante.fr/