Biodiversité et agriculture

Introduction – la zone de la mission

a) Diagnostic

“La biodiversité représente tous les éléments constitutifs du vivant, dont l’être humain fait partie. Elle se caractérise par les milieux naturels, les espèces animales sauvages et domestiques, les espèces végétales, et les interactions entre tous les organismes vivants”. Elle joue par la même un rôle déterminant dans l’équilibre des écosystèmes. 

(Agence régionale de la biodiversité -Centre Val de Loire)

La Loire présente de nombreux visages qui changent au fil des heures et des saisons. Avec ses 1 010 km, la Loire est le plus long fleuve de France. Son bassin – versant couvre 110 000 km2, soit un cinquième du territoire français. 

C’est par 4 éléments constitutifs que la Loire a été identifiée au moment de son inscription au patrimoine mondial : la pierre, la vigne, le jardin et l’eau. Toutefois, la qualité remarquable de ses terres ne serait rien sans la diversité de sa faune et de sa flore. En effet, la zone offre une biodiversité rare, avec respectivement 103 espèces végétales et 107 espèces animales protégées.

Crédits : Cameron ROBBE et Corentin GOUEREC

b) Enjeux de la mission Val-de-Loire

La mission de l’UNESCO tente de contribuer à l’édification d’une culture de la paix, à l’éradication de la pauvreté, au développement durable et au dialogue interculturel par l’éducation, les sciences, la culture, la communication et l’information. Dans le cas de la biodiversité, de tels objectifs se traduisent par la volonté, à terme, que les espaces concernés par ces actions puissent être à biodiversité positive. Toutefois, pour mériter cette dénomination, les zones, représentées par les régions, doivent générer plus de biodiversité qu’elles n’en détruisent. Cet objectif passe par un ensemble d’actions locales, visant donc à minimiser la perte de biodiversité, améliorer sa connaissance et sensibiliser tous les acteurs, valoriser la biodiversité comme moyen de favoriser le développement économique et scientifique.

En des termes paysagers, le Val de Loire se caractérise essentiellement par la présence de vallées. Leurs sols résultent de dépôts alluviaux, c’est-à-dire de particules transportées puis déposées par les cours d’eau. D’une manière générale, les vallées sont dotées d’une grande richesse écologique. Néanmoins, elles sont soumises à de fortes pressions, elles sont ainsi les lieux privilégiés des interventions humaines et du développement urbain, et notamment des installations agricoles. 

I – La justification de l’agriculture pour la protection de la biodiversité

a) Diagnostic

L’agriculture en Région Centre – Val de Loire c’est 23 240 exploitations pour 2,4 millions d’hectares de surface agricole utile représentant 60% de ce territoire.

Parmi ces exploitations, 52% sont des exploitations céréalières, mais on trouve également 964 exploitations d’agriculture biologique, 21 000 hectares de vignes ou encore un cheptel bovin composé de 622 000 têtes, à 90% de races allaitantes.

Rien que dans le département d’Indre-et-Loire, 330 000 ha sont utilisés sur 613 000 à des fins agricoles, ce qui montre l’importance de cette activité sur ce territoire. Et qu’elle soit conventionnelle, raisonnée ou biologique, l’agriculture a un fort impact sur l’environnement.

Les agriculteurs participent au maintien de la biodiversité sur le territoire ainsi qu’à l’entretien des paysages. En effet, les agriculteurs sont confrontés aux enjeux environnementaux contemporains comme le bien-être animal qui influencent leur mode de production.

b) Des modèles d’agriculture de plus en plus respectueux

L’agriculture raisonnée fait référence à une gestion des pratiques agricoles tenant compte de la protection des écosystèmes, donc de l’environnement, de la maîtrise des risques sanitaires, de la sécurité au travail et du bien-être animal.

En France, une certification est délivrée par le ministère de l’Agriculture et de l’écologie aux agriculteurs respectant ces principes. Le document n’est obtenu que si 103 exigences sont remplies. Pour ne citer que quelques exemples, l’agriculteur doit équilibrer l’utilisation des fertilisants, mettre en œuvre des pratiques culturales préservant les sols et limitant les risques de pollution, ou contribuer à la protection des paysages et de la diversité biologique.

Dans le même objectif de protection et de maintien de la biodiversité, l’agriculture biologique est également intéressante. En effet, l’agriculture biologique constitue un mode de production qui trouve son originalité dans le recours à des pratiques culturales et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels. Ainsi, elle exclut l’usage des produits chimiques de synthèse, des OGM et limite l’emploi des intrants. Cela contribue donc au maintien de la qualité des sols, de l’air, de l’eau et donc préserve la diversité biologique.

Perchoir à rapaces – Patrick Donini

Enherbement des lignes de vignes – Carlos M. LOPES

c) L’objectif du projet

A l’instar d’une certification ou une charte, il faut inciter les acteurs ayant un fort impact sur la biodiversité, ici les agriculteurs, à mieux l’intégrer dans leurs exploitations. L’idée, au-delà de changer les mentalités, est d’accompagner ces derniers dans une démarche plus raisonnée. 

II – La création d’un Label Unesco “agriculture durable”

L’intégration d’acteurs nouveaux à la mission Unesco Centre-Val-de Loire est un processus déjà concrétisé. On peut citer par exemple la Charte Internationale de Fontevraud, créée à l’initiative de la mission Val de Loire et de l’Interprofession des Vins du Val de Loire. Cette charte a pour objectif d’optimiser la production viticole et la valorisation culturelle et touristique de ces paysages.  

C’est dans un tel objectif que nous avons pensé à créer un label entre les agriculteurs et la mission Unesco Centre-Val de Loire. 

a) La procédure de création d’un label 

Un label est un élément d’identification qui garantit certains aspects d’un produit ou d’un service, et qui se matérialise généralement par la présence d’un logo. En France, l’appellation « label » fait obligatoirement l’objet d’une reconnaissance officielle, c’est-à-dire d’une publication au Journal Officiel. Le label n’est donc ni une simple démarche marketing, n’est pas une marque de réseau, n’est ni une mention valorisante, ni un classement.

Le terme « label » doit ainsi être réservé à des dispositifs visant à offrir à leurs cibles une garantie objective de conformité à des caractéristiques établies dans un cahier des charges. L’existence légale d’un Label s’acquiert uniquement lorsqu’il devient une appellation officielle et fait l’objet d’une certification.

Pour créer un label, un cahier des charges techniques (expliquant en quoi le produit ou le service labellisé doit être différent des produits ou services qui lui sont semblables) et un règlement de certification du label seront mis en place par un organisme certificateur réunissant des spécialistes, des pouvoirs publics et d’associations de consommateurs.

Télécharger la méthodologie du Label Public : ministère de l’économie et des finances et de la relance – Juin 2021 – Version PDF

b) Un label spécifique au territoire Unesco – Val de Loire 

Le label s’axe autour de la mission Val de Loire. Il est donc spécifique à l’Unesco et à la portée que la mission voudra lui donner, en accord avec les agriculteurs partenaires. Il serait identifiable grâce à un logo présenté sur les packagings de produits agricoles précis. Par ce biais les agriculteurs seront alors identifiés comme s’intégrant dans une approche responsable et durable et dont l’exploitation se situe au sein de la zone Unesco Val de Loire. 

Évidemment, un tel label doit être unique et facilement identifiable, il devra ainsi s’inscrire dans une charte graphique codifiée, reprenant par exemple celle de l’UNESCO. 

 Concernant l’attribution du Label, 3 conditions sont cumulables :

– Être dans la zone UNESCO Val de Loire, il s’agit d’une zone déjà délimitée, on peut donc facilement se reposer dessus. Cependant, il s’agirait de la zone tampon du périmètre de la zone Unesco, qui permet d’inclure plus d’agriculteurs dans le projet de label. 

– Avoir une agriculture raisonnée, biologique ou vertueuse mais surtout la volonté de protéger et de maintenir la biodiversité. 

– Favoriser l’essor des trames vertes, avec notamment des aménagements pour la faune/flore.

Évidemment, ces conditions d’attributions devront être modulables et discutées avec les acteurs en présence.

Sur le dernier point, cela pourra être apprécié au cas par cas selon la nature des exploitations. Quoi qu’il en soit l’exploitant devra prouver sa volonté de s’engager sur la longue durée dans une agriculture raisonnée, prenant en compte l’impact de son exploitation sur la biodiversité et l’environnement pour mieux le diminuer.

Ce logo ne viendra pas seul : dans un souci de communication, il pourra être accompagné d’un QR Code redirigeant vers le site de la Mission Unesco.

Proposition de logo Label Loire 1
Proposition de logo label Loire 2
Proposition de logo Label Loire 3

III – Les intérêts de ce label

Il faut convaincre les premiers intéressés : les agriculteurs. Ils seront les acteurs principaux dans la création de ce label. Pour cela, il conviendrait de mettre en avant l’intérêt économique du projet, afin de faire du label un véritable argument de vente. 

a) Un intérêt agricole et économique pour les exploitants 

Il doit aussi permettre de nourrir un intérêt agricole : c’est-à-dire la préservation de leurs terres par une réduction de l’utilisation des produits chimiques comme les pesticides. Cela réduirait la contamination des milieux, ou la dégradation des écosystèmes. Dans un secteur où les terres agricoles correspondent à 53% du territoire français, favoriser une culture saine aurait un impact nettement positif sur la biodiversité. 

Pour les petites exploitations, ce serait l’occasion de développer leur réseau, et cela, à faible coût. En effet, le label permettrait une mise en lumière des agriculteurs parfois absorbés par les grandes surfaces ou les exploitations intensives Le Label pourrait essentiellement intéresser les agriculteurs exploitants les circuits courts (marchés, vente directe …), qui souhaiteraient une réduction des intermédiaires entre le producteur et le consommateur. 

b) Des intérêts variés pour l’Unesco

Pour la mission, plusieurs intérêts sont identifiés :

  • La diffusion des enjeux de la mission au public reste une priorité, pour toucher aussi bien le public que les futurs exploitants.
  • Cela amènerait à la préservation des trames vertes et bleues à proximité de la zone UNESCO par le développement d’une agriculture respectueuse de la biodiversité.
  • La délivrance de ce label pourrait amener à la réduction des déchets produits sur la zone (condition potentiellement imposée par la future charte).

IV – Propositions annexes

a) Mise en œuvre d’ateliers de sensibilisation dans les exploitations

En contactant des associations sur le territoire de la zone, l’Unesco pourrait profiter de leurs connaissances techniques et pratiques sur les sujets de la biodiversité. L’Unesco pourrait ainsi envisager de travailler avec eux sur un projet global de sensibilisation et d’information des populations. 

L’association pourrait alors trouver des écoles partenaires et impliquer des élèves dans la compréhension de la mission Unesco Val de Loire. L’idée de partenariat avec des acteurs divers est donc indispensable pour porter les ambitions de la mission.

b) Création de partenariats pour des gîtes à la ferme

Dans la continuité d’un tourisme vert, la Mission pourrait mettre en avant les exploitants proposant des logements à la ferme pour les touristes. Ce serait l’occasion de visiter les exploitations et favoriser les circuits courts.

c) Création d’une carte interactive 

La création d’une carte interactive permettrait de recenser les agriculteurs possédant ce label sur la zone de la mission ainsi que leur type d’agriculture. Il s’agira là d’un véritable espace de mise en avant des actions menées par les exploitants.

Bibliographie 
  1. Carte interactive mission Unesco Centre-Val de Loire  : https://www.valdeloire.org/Carte
  2. Biodiversité et agriculture – ARB Centre Val de Loire : https://www.biodiversite-centrevaldeloire.fr/comprendre/dossiers-thematiques/biodiversite-et-agriculture
  3. Le Label Public : ministère de l’économie et des finances et de la relance – Juin 2021 : https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/apie/marques/publications/Le_label_public.pdf
  4. Plan de gestion de la Mission Val-de-Loire portée par l’UNESCO adopté le 15 novembre 2012
  5. Chambre d’Agriculture 37 : https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/chambre-dagriculture-dindre-et-loire/
  6. Ministère de l’Agriculture et de l’alimentation – Site officiel : https://agriculture.gouv.fr/le-centre-val-de-loire-une-region-aux-multiples-facettes