Patrimoine bâti
Un courant de restauration déferle sur le Val de Loire, citons à cet égard Chaumont en 1947, Blois dans les années 2000, Saumur de 1993 à nos jours. Ces restaurations ont une double signification politique et architecturale et font l’objet d’enjeux nationaux voire internationaux. Quoi qu’il en soit ces travaux mettent en lumière l’importance plurielle de ces édifices et leur fragilité. De cette fragilité naît la nécessité de les protéger, mission dont se charge la mission Val de Loire Unesco ainsi que l’État et les collectivités locales. Le patrimoine bâti comprend l’ensemble des biens présentant une valeur patrimoniale dont il s’agit de garantir la pérennité. Une meilleure prise en compte du patrimoine bâti et des tissus urbains peut contribuer à la réalisation et à la lisibilité du projet de restructuration du territoire.
Orientation n°1: Promotion du patrimoine bâti à destination des jeunes générations
Diagnostic:
Des initiatives sont prises concernant la mise en connaissance du patrimoine bâti à destination des jeunes générations (sorties, concours des Vieilles maisons françaises (VMF)) mais méritent d’être développées davantage. En effet le patrimoine ligérien, le patrimoine du Val de Loire donc, s’illustre de par l’histoire qu’il raconte.
Proposition d’action:
Tout d’abord, il est important d’associer les jeunes générations aux enjeux du patrimoine d’identité partagée par des actions de sensibilisation à la richesse du patrimoine historique et architectural local qui se concrétisera par des sorties sur le terrain des diverses communes de la Loire au niveau collège/primaire afin qu’ils comprennent en quoi ce patrimoine est inscrit à l’UNESCO.
Le but premier est l’éveil au sein de la jeunesse d‘un intérêt pour le patrimoine bâti historique. L’objectif est en effet l‘instauration d‘un dialogue éducatif pour non seulement connaître mais apprécier le patrimoine pour ce qu’il est, le témoin et l’héritage de ce qui fut.
A ce titre, la Touraine, riche territoire compte de nombreux écrivains célèbres tels que Balzac, Descartes, Rabelais, Ronsard et tant d’autres.
Pour se faire, il pourrait être organisé des circuits littéraires sous formes de sorties scolaires et ce dans le cadre des cours de Français notamment eu égard les lectures de grands auteurs qui s’effectuent au lycée. Cette démarche permettrait que les jeunes générations découvrent les demeures de ces personnages historiques à travers des visites insolites comme la découverte de la maison de Descartes ou celle de Rabelais au sein de laquelle des comédiens font vivre les lieux ou encore à travers la visite du Musée de Balzac. Tout ceci afin d’apprécier à sa juste valeur les lieux et de s’en imprégner. L’idée est ici de se plonger dans la Touraine d’antan.
Cette proposition permettrait aux jeunes générations résidant en Val de Loire d’apprécier la qualité architecturale des lieux qui aurait pour corollaire, au-delà de l’acquisition d’une conscience patrimoniale, l’acquisition d’une volonté d’agir afin de protéger ses lieux et de lutter contre toute destruction, ou aménagements inadaptés menés, bien trop souvent, par des acteurs privés.
Cela pourrait également passer par des aspects ludiques, comme l’organisation de grands jeux sur le thème, d’une meilleure reconnaissance, de jeux concours organisés par l’UNESCO au sein des écoles qui a pour but de faire connaître le patrimoine local aux enfants tout en s’amusant. La Mission Val de Loire pourrait ainsi jouer un rôle incitateur et pédagogique pour faire perdurer cette protection du patrimoine.
Il pourrait aussi être question de développer le tourisme pour les patrimoines connus et moins connus, les filmer en les présentant de manière interactive, relayés sur des sites internet avec reconstitution si possible de l’époque. L’objectif étant de permettre de visiter ou bien découvrir les bâtiments sous un angle novateur/pratique via internet. Ainsi, le patrimoine de cette région pourrait grâce à cette nouvelle forme de communication élargir cette conscience patrimoniale aux élèves d’autres régions facilitant de facto l’éveil culturel des jeunes générations au niveau national.
➜ Communes, Mission Val de Loire, écoles
Orientation n°2: Revalorisation par une mobilité douce
Diagnostic:
La mobilité au sein d’un territoire est un enjeu majeur, un enjeu économique, social, écologique et politique. A titre d’exemple, le pont Wilson de Tours, monument iconique, ancré dans l’identité de la ville est désormais dédié aux mobilités douces : tramway, piétons et vélos.
La mobilité dans un territoire aussi riche que la Touraine ne peut être pensée sans le patrimoine historique bâti, sans considération pour les fragilités, enjeux touristique ou de pérennité. La mobilité doit s’articuler en harmonie avec le patrimoine et non s’imposer à celui-ci. Le plan de gestion de la mission Val de Loire UNESCO prône “l’intégration de nouveaux équipements” traitant de la voirie ou des tramways mais se concentre peu sur les mobilités douces en général et ne prend pas en compte le patrimoine bâti ni l’intérêt de lier le patrimoine aux mobilités. Le plan de gestion parle d’orientation pour une gestion partagée, de préserver le patrimoine ligérien ou d’aménager en conservant l’esprit des lieux. Toutes ces mesures, orientations, correspondent à une préservation classique de conservation des lieux et du patrimoine bâti en tant que paysage mais prennent peu en compte les besoins de mobilités du Val de Loire. L’imprévision mène à l’imprévu.
En effet, des atteintes au patrimoine, de dommages à un niveau plus ou moins important peuvent découler des mobilités qui polluent. Ces dits dommages peuvent avoir des conséquences dramatiques, des impacts structurels, provoquer des risques d‘effondrement ou de fragilisation du patrimoine et par là même des surcoûts de réparation. Les dommages provoqués par les moyens de transports sont pléthores. En effet peuvent être mis en cause les vibrations ou le poids des transports. Les émissions de gaz peuvent également causer le noircissement des façades et occasionner des dommages aux pierres ou matériaux des bâtiments. Les effets de la pollution atmosphérique impactent entre autres les matériaux du patrimoine bâti (verre, pierre).
Il s’agira de bannir les infrastructures de voiries des centres classés qui sont sources de dégradations et de pollutions, ce qui abîme les façades.
Le SCOT tourangeau et le PLU de Tours ne conçoivent que peu la liaison entre patrimoine bâti et mobilité mettant en lumière la difficulté de ces documents à avoir une vision globale de la diversité des enjeux qui pèsent sur le patrimoine bâti.
Proposition d’action:
L’objectif est de promouvoir les espaces piétons, cyclistes et places dépourvus de circulation dans un but de revalorisation du patrimoine et ce dans l’optique de favoriser l’harmonie des lieux et d’une promotion touristique. La mobilité douce, comprenant notamment les transports collectifs, vise à octroyer au Val de Loire une vision environnementaliste de ces espaces marquée par la réduction des transports polluants et a fortiori une revalorisation et protection du patrimoine. L’aspect revalorisation quant à elle transparait, car l’optique est de favoriser l’harmonie des lieux, de permettre un plus grand investissement des espaces patrimoniaux par le public et les touristes.
Pont Wilson à Tours
Pour concrétiser cette proposition, une signalétique adaptée et des mobiliers urbains adéquats, permettant de créer une ambiance apaisante afin d’inciter la population à s’y prélasser, devraient être de mise. Un faible encombrement de l’espace et une accessibilité renforcée pour les personnes à mobilité réduite ainsi qu’un attachement particulier à la qualité paysagère des cheminements doivent être pensés. Le patrimoine bâti se doit d’être accessible et agréable en plus d’être intégré aux problématiques actuelles notamment environnementales.
Le rôle de l’Unesco dans cette recherche de conciliation d’enjeux patrimoniaux et de mobilités devra recouvrir le rôle d’un arbitre. En l’espèce, la thématique écologique est souvent employée par les communes comme un moyen, une arme politique parfois au détriment de l’objet premier, l’environnement. Entre autre, l’UNESCO par sa place d’organisation internationale et son influence pourrait davantage raisonner afin de constater les projets «environnementaux» et mener les communes vers une recherche d’effectivité tout en dévoyant le geste politique intéressé. Un dialogue ouvert entre les communes, intercommunalités et la mission UNESCO ne saurait être que trop recommandé afin de répondre au mieux à cette problématique.
Cette politique de mobilité douce nécessite une coopération multidisciplinaire afin de mettre en lumière les différents enjeux, risques et possibilités afin de promouvoir préservation du patrimoine bâti, mobilités et écologie. Le but est d’aménager le territoire concerné par une vision complémentaire des savoirs.
Des diagnostics patrimoniaux pourraient à ce titre être élaborés afin de cerner le patrimoine en question sur les différentes communes du Val de Loire afin de travailler par la suite sur la mobilité de ce site.
Cette proposition a pour vocation de cibler l’apport d’expertise et le conseil territorialisé afin de lutter contre les orientations trop générales en matière de mobilité douce.
➜ Communes ou EPCI, géographes, urbanistes, juristes, cabinets d’architectes
Orientation n°3: Créer des partenariats public-privé pour une protection et une valorisation du patrimoine bâti
Diagnostic:
Le Val de Loire recouvre de nombreux sites historiques qu’il faut protéger et valoriser afin de ne pas porter atteinte à la qualité du patrimoine, notamment eu égard la valeur universelle exceptionnelle (VUE). Un manque de coordination se fait ressentir entre le domaine public et privé. En effet, les petites communes peuvent manquer de financement alors même qu’elles ont sur leur territoire des sites classés à l’UNESCO qu’il est impératif de mettre en valeur ou protéger.
Ce problème financier n’a pas à être négligé dans la mesure où il permet de contribuer à la restauration d’un site historique.
Proposition d’action:
Au niveau local, les maires pourraient être sensibilisés à la possibilité d’opter pour un modèle de partenariat concernant notamment les sites patrimoniaux remarquables dès lors que le financement serait rentable au profit d’un opérateur privé spécialisé (associations de protection du patrimoine) qui assumerait en partie les coûts de gestion.
Cette entreprise de privatisation qui s’accorde avec la mouvance actuelle déchargerait les coûts de l’opérateur public tout en assurant un vrai contrôle sur les opérations effectuées par l’opérateur privé.
La démarche permettrait un véritable partenariat entre public et privé, et une potentielle revalorisation de la protection du patrimoine via la multiplication des financements.
Le droit français reconnaît en effet la possibilité pour les collectivités publiques de faire appel aux entreprises ou aux associations pour contribuer aux services publics lorsque les formes d’organisation privées lui paraissent plus efficaces. Ces partenariats se caractérisent par la nécessaire conciliation, à des degrés divers, des contraintes de l’action publique et du mode de fonctionnement des opérateurs privés. L’ordonnance du 17 juin 2004 en ses articles L 1 414-1 du code général des collectivités territoriales a ainsi institué un nouveau type de contrat de la commande publique : le contrat de partenariat. Celui-ci se fonde sur une mission globale confiée au cocontractant et s’accompagne d’un transfert de la maîtrise d’ouvrage au cocontractant public ou privé opéré par le contrat de partenariat. Pour la collectivité publique, le recours au contrat de partenariat permet un préfinancement par le cocontractant ; le financement de l’opération est reporté sur le paiement de loyers globaux payables sur toute la durée du contrat, ce qui permettrait d’alléger considérablement la charge financière communale. De plus, cela lui permettrait de bénéficier du savoir-faire des partenaires privés mais également de favoriser l’accès aux innovations développées par ces derniers. Le recours à cette forme de contrat exige, en revanche, des responsables locaux une vigilance particulière sur le plan de leur gestion budgétaire.
Le marché de partenariat incite à la coopération et à une entraide dans un but commun. Comme expliqué précédemment, les besoins financiers sont souvent la cause d’une inaction pour le patrimoine bâti ou d’une difficulté importante de protéger de tels sites.
A titre d’exemple, la Région Centre Val de Loire a signé une convention de partenariat avec la Fondation du Patrimoine, pour préserver le patrimoine du territoire régional. Bien que ce type de contrat soit contraignant, un tel investissement permettrait d’assurer une vraie conservation, restauration, valorisation du patrimoine bâti tout en garantissant un soutien financier et une gestion efficace du patrimoine par le contractant.
➜ Communes, associations de protection du patrimoine, investisseurs privés